«Désormais on se lève et on se barre», par Virginie Despentes "Je vais commencer comme ça : soyez rassurés, les puissants, les boss, les chefs, les gros bonnets : ça fait mal. On dîne tous ensemble, dans ce milieu, on connaît les mots d’ordre : ça fait des mois que vous vous agacez de ce qu’une partie du public se fasse entendre et ça fait des mois que vous souffrez de ce qu’Adèle Haenel ait pris la parole pour raconter son histoire d’enfant actrice, de son point de vue.Alors tous les corps assis ce soir-là dans la salle sont convoqués dans un seul but : vérifier le pouvoir absolu des puissants. Je ne vois aucune différence de comportements. Quand on y pense, c'est l'aveu d'échec de la parité. C’est probablement une image annonciatrice des jours à venir. Himself. On gueule. Elle le fait en tant qu’individu qui n’est pas entièrement assujetti à l’industrie cinématographique, parce qu’elle sait que votre pouvoir n’ira pas jusqu’à vider ses salles. Enfin, ceux qui leur ressemblent, ceux qui sont puissants. Faites vos conneries entre vous. On vous emmerde. Les plus puissants entendent défendre leurs prérogatives : ça fait partie de votre élégance, le viol est même ce qui fonde votre style. On se lève. Theme par.Rebond de l’épidémie et centres de tests saturés : la stratégie de Macron mène à la catastrophe ! Usul. Et vous le récompensez. Je donne 80% de ma bibliothèque féministe pour cette image-là. C’est le gros budget que vous lui avez octroyé en signe de soutien que vous saluez - à travers lui c’est votre puissance qu’on doit respecter.Il serait inutile et déplacé, dans un commentaire sur cette cérémonie, de séparer les corps de cis mecs aux corps de cis meufs. Superbe. Adèle se lève comme elle s’est déjà levée pour dire voilà comment je la vois votre histoire du réalisateur et son actrice adolescente, voilà comment je l’ai vécue, voilà comment je la porte, voilà comment ça me colle à la peau. Ce soir du 28 février on n’a pas appris grand-chose qu’on ignorait sur la belle industrie du cinéma français par contre on a appris comment ça se porte, la robe de soirée. C’est terminé. Les choses sont très bien telles qu’elles sont. Je donne 80% de ma bibliothèque féministe pour cette image-là. On ne les aime pas malgré le viol et parce qu’ils ont du talent. Et c’est exactement à cela que ça sert, la puissance de vos grosses fortunes : avoir le contrôle des corps déclarés subalternes. Elle est la seule à oser faire une blague sur l’éléphant au milieu de la pièce, tous les autres botteront en touche. Une employée récidiviste, qui ne se force pas à sourire quand on l’éclabousse en public, qui ne se force pas à applaudir au spectacle de sa propre humiliation. On ne les aime pas malgré le viol et parce qu’ils ont du talent. Je ne vois aucune différence de comportements. C’est probablement une image annonciatrice des jours à venir. On est humilié par procuration quand on les regarde se taire alors qu’ils savent que si Portrait de la jeune fille en feu ne reçoit aucun des grands prix de la fin, c’est uniquement parce qu’Adèle Haenel a parlé et qu’il s’agit de bien faire comprendre aux victimes qui pourraient avoir envie de raconter leur histoire qu’elles feraient bien de réfléchir avant de rompre la loi du silence. «Désormais on se lève et on se barre» Virginie Despentes : « Que ça soit à l’Assemblée nationale ou dans la culture, vous, les puissants, vous exigez le respect entier et constant. Vous exigez le respect entier et constant. C’est ça qui est beau, finalement, c’est que ça marche à tous les coups, vos saletés. On se casse. Si les femmes s'arrêtent, tout s'arrête ! C’est ça qui est beau, finalement, c’est que ça marche à tous les coups, vos saletés. C’est la seule réponse possible à vos politiques. Ne jamais parler en public de ce qui se passe pendant les castings ni pendant les prépas ni sur les tournages ni pendant les promos. (ANDREU DALMAU/SIPA),, pour apporter son soutien à l'actrice Adèle Haenel, qui a.après la remise du prix de la meilleur réalisation à Roman Polanski. On se lève et on se casse. La différence ne se situe pas entre les hommes et les femmes, mais entre dominés et dominants, entre ceux qui entendent confisquer la narration et imposer leurs décisions et ceux qui vont se lever et se casser en gueulant. On se lève et on se casse. Où serait le fun d’appartenir au clan des puissants s’il fallait tenir compte du consentement des dominés ? On se lève et on se casse. Tout le monde sait. Pour le courage qu’ils ont de réclamer la morbidité de leur plaisir, leur pulsion débile et systématique de destruction de l’autre, de destruction de tout ce qu’ils touchent en vérité. On ne les aime pas malgré le viol et parce qu’ils ont du talent. Cette leçon-là. C’est grotesque, c’est insultant, c’est ignoble, mais ce n’est pas surprenant. Si le violeur d’enfant c’était l’homme de ménage alors là pas de quartier : police, prison, déclarations tonitruantes, défense de la victime et condamnation générale. Vingt-cinq millions, c’est-à-dire plus de quatorze fois le budget des Misérables, et le mec n’est même pas foutu de classer son film dans le box-office des cinq films les plus vus dans l’année. Ça reste humiliant de voir les participants se succéder au pupitre, que ce soit pour annoncer ou pour recevoir un prix. Que ça soit à l’Assemblée nationale ou dans la culture - marre de se cacher, de simuler la gêne. Ça fait partie du territoire, et s’il faut nous transmettre le message par la terreur vous ne voyez pas où est le problème. On leur trouve du talent et du style parce qu’ils sont des violeurs. Vous exigez le respect entier et constant. On est humilié par procuration quand on les regarde se taire alors qu’ils savent que si.Alors quand Adèle Haenel s’est levée, c’était le sacrilège en marche. Je vais commencer comme ça : soyez rassurés, les puissants, les boss, les chefs, les gros bonnets : ça fait mal. Ne jamais parler en public de ce qui se passe pendant les castings ni pendant les prépas ni sur les tournages ni pendant les promos. C’est toujours la loi du silence qui prévaut. La loi vous couvre, les tribunaux sont votre domaine, les médias vous appartiennent. On a envie de crever. On vous emmerde.Commencez à saisir votre recherche ci-dessus et pressez Entrée pour rechercher. Quand tu confies un budget de plus de 25 millions à un mec pour faire un téléfilm, le message est dans le budget. Césars : « Désormais on se lève et on se barre », par Virginie Despentes "Que ça soit à l’Assemblée nationale ou dans la culture, vous, les puissants, vous exigez le respect entier et constant. Vous êtes une bande d’imbéciles funestes. Nous n’avons aucun respect pour votre mascarade de respectabilité. On leur trouve du talent et du style parce qu’ils sont des violeurs. C’est votre politique : exiger le silence des victimes. C’est cette exigence qui fait que lors de la cérémonie tous les corps sont soumis à une même loi du silence. Ça se raconte, ça se sait. Et c’est exactement à cela que ça sert, la puissance de vos grosses fortunes : avoir le contrôle des corps déclarés subalternes. Ça vaut pour le viol, les exactions de votre police, les césars, votre réforme des retraites. C’est au respect de cette consigne qu’on sélectionne les employés.Et bien qu’on sache tout ça depuis des années, la vérité c’est qu’on est toujours surpris par l’outrecuidance du pouvoir. Ton corps, tes yeux, ton dos, ta voix, tes gestes tout disait : oui on est les connasses, on est les humiliées, oui on n’a qu’à fermer nos gueules et manger vos coups, vous êtes les boss, vous avez le pouvoir et l’arrogance qui va avec mais on ne restera pas assis sans rien dire. C’est toujours la loi du silence qui prévaut. On applaudit les investisseurs, puisque pour rassembler un tel budget il a fallu que tout le monde joue le jeu : Gaumont Distribution, les crédits d’impôts, France 2, France 3, OCS, Canal +, la RAI… la main à la poche, et généreux, pour une fois. Où serait le fun d’appartenir au clan des puissants s’il fallait tenir compte du consentement des dominés ? Ça vaut pour le viol, ça vaut pour les exactions de votre police, ça vaut pour les césars, ça vaut pour votre réforme des retraites. Quand ça ne va pas, quand ça va trop loin ; on se lève on se casse et on gueule et on vous insulte et même si on est ceux d’en bas, même si on le prend pleine face votre pouvoir de merde, on vous méprise on vous dégueule. Votre amour du plus fort est morbide. Et les puissants aiment les violeurs. Ça reste humiliant de voir les participants se succéder au pupitre, que ce soit pour annoncer ou pour recevoir un prix. Et vous ne tolérez autour de vous que les valets les plus dociles. On les aime pour ça. Elle le fait en tant qu’individu qui n’est pas entièrement assujetti à l’industrie cinématographique, parce qu’elle sait que votre pouvoir n’ira pas jusqu’à vider ses salles. Ça vaut pour le viol, les exactions de votre police, les césars, votre réforme des retraites. Himself. On se lève. Cette leçon-là. Le temps est venu pour les plus riches de faire passer ce beau message : le respect qu’on leur doit s’étendra désormais jusqu’à leurs bites tachées du sang et de la merde des enfants qu’ils violent. On applaudit les investisseurs, puisque pour rassembler un tel budget il a fallu que tout le monde joue le jeu : Gaumont Distribution, les crédits d’impôts, France 2, France 3, OCS, Canal +, la RAI… la main à la poche, et généreux, pour une fois. C’est le gros budget que vous lui avez octroyé en signe de soutien que vous saluez – à travers lui c’est votre puissance qu’on doit respecter.Il serait inutile et déplacé, dans un commentaire sur cette cérémonie, de séparer les corps de cis mecs aux corps de cis meufs. Alors quand vous avez entendu parler de cette subtile comparaison entre la problématique d’un cinéaste chahuté par une centaine de féministes devant trois salles de cinéma et Dreyfus, victime de l’antisémitisme français de la fin du siècle dernier, vous avez sauté sur l’occasion. Elle salue en ce geste,Célébrez-vous, humiliez-vous les uns les autres tuez, violez, exploitez, défoncez tout ce qui vous passe sous la main. On se lève et on se casse. Ça vaut pour le viol, ça vaut pour les exactions de votre police, ça vaut pour les césars, ça vaut pour votre réforme des retraites. A la guerrière. Et vous ne tolérez autour de vous que les valets les plus dociles. Tant de silence, tant de soumission, tant d’empressement dans la servitude. Les réalisatrices qui décernent le prix de votre impunité, les réalisateurs dont le prix est taché par votre ignominie - même combat. Votre plaisir réside dans la prédation, c’est votre seule compréhension du style. Ça se raconte, ça se sait. Mais si le violeur est un puissant : respect et solidarité. "On est les humiliées, on se lève et on se casse" : le cri de "rage" de Virginie Despentes après la cérémonie des César.Dans une tribune publiée par "Libération", la romancière, victime d'un viol dans son adolescence, salue le départ d'Adèle Haenel en pleine cérémonie.Virginie Despentes pose à Barcelone (Espagne), le 4 mai 2017. C’est probablement une image annonciatrice des jours à venir. Pour le courage qu’ils ont de réclamer la morbidité de leur plaisir, leur pulsion débile et systématique de destruction de l’autre, de destruction de tout ce qu’ils touchent en vérité. Parce qu’à la fin de l’exercice, on sait qu’on est tous les employés de ce grand merdier. A la guerrière. Tout le monde sait. On trimballe ce qu’on est et c’est tout. On a beau le savoir, on a beau vous connaître, on a beau l’avoir pris des dizaines de fois votre gros pouvoir en travers de la gueule, ça fait toujours aussi mal. Venez m’expliquer comment je devrais m’y prendre pour laisser la fille violée devant la porte de mon bureau avant de me mettre à écrire, bande de bouffons.Adèle se lève et elle se casse. La loi vous couvre, les tribunaux sont votre domaine, les médias vous appartiennent. Vingt-cinq millions pour ce parallèle. Vous serrez les rangs, vous défendez l’un des vôtres. Alors quand vous avez entendu parler de cette subtile comparaison entre la problématique d’un cinéaste chahuté par une centaine de féministes devant trois salles de cinéma et Dreyfus, victime de l’antisémitisme français de la fin du siècle dernier, vous avez sauté sur l’occasion. Les plus puissants entendent défendre leurs prérogatives : ça fait partie de votre élégance, le viol est même ce qui fonde votre style. C’est votre politique : exiger le silence des victimes. On se reconnaît. Une employée récidiviste, qui ne se force pas à sourire quand on l’éclabousse en public, qui ne se force pas à applaudir au spectacle de sa propre humiliation. La différence ne se situe pas entre les hommes et les femmes, mais entre dominés et dominants, entre ceux qui entendent confisquer la narration et imposer leurs décisions et ceux qui vont se lever et se casser en gueulant. Ça, c’est le spectacle des césars. Les réalisatrices qui décernent le prix de votre impunité, les réalisateurs dont le prix est taché par votre ignominie – même combat. Les choses sont très bien telles qu’elles sont. C’est votre propre puissance de frappe monétaire que vous venez aduler. Vous êtes une bande d’imbéciles funestes. On se casse. Quand Foresti se permet de quitter la fête et de se déclarer.Alors tous les corps assis ce soir-là dans la salle sont convoqués dans un seul but : vérifier le pouvoir absolu des puissants. De même quand des soignants jettent leurs blouses, quand des pompiers quittent une cérémonie officielle, ou même quand les députés … On se reconnaît. Il n’y a rien de surprenant à ce que vous ayez couronné Polanski : c’est toujours l’argent qu’on célèbre, dans ces cérémonies, le cinéma on s’en fout. Si la lutte contre la montée de l’antisémitisme intéressait le cinéma français, ça se verrait. Par contre, la voix des opprimés qui prennent en charge le récit de leur calvaire, on a compris que ça vous soûlait. On se lève et on se casse. Votre plaisir réside dans la prédation, c’est votre seule compréhension du style. Le temps est venu pour les plus riches de faire passer ce beau message : le respect qu’on leur doit s’étendra désormais jusqu’à leurs bites tachées du sang et de la merde des enfants qu’ils violent. Je ne vois aucune différence de comportements. C’est le même message venu des mêmes milieux adressé au même peuple : «Ta gueule, tu la fermes, ton consentement tu te le carres dans ton cul, et tu souris quand tu me croises parce que je suis puissant, parce que j’ai toute la thune, parce que c’est moi le boss.».Alors quand Adèle Haenel s’est levée, c’était le sacrilège en marche. Mais si le violeur est un puissant : respect et solidarité. La plus belle image en quarante-cinq ans de cérémonie - Adèle Haenel quand elle descend les escaliers pour sortir et qu’elle vous applaudit et désormais on sait comment ça marche, quelqu’un qui se casse et vous dit merde. Et les hasards du calendrier font que le message vaut sur tous les tableaux : trois mois de grève pour protester contre une réforme des retraites dont on ne veut pas et que vous allez faire passer en force. On se lève et on se casse. Votre puissance est une puissance sinistre. La plus belle image en quarante-cinq ans de cérémonie – Adèle Haenel quand elle descend les escaliers pour sortir et qu’elle vous applaudit et désormais on sait comment ça marche, quelqu’un qui se casse et vous dit merde. Parce que vous pouvez nous la décliner sur tous les tons, votre imbécillité de séparation entre l’homme et l’artiste – toutes les victimes de viol d’artistes savent qu’il n’y a pas de division miraculeuse entre le corps violé et le corps créateur. Parce qu’à la fin de l’exercice, on sait qu’on est tous les employés de ce grand merdier. »,Tristan Egolf : "Le seigneur des porcheries",Virigine Despentes : «Désormais on se lève et on se barre». Même pas une blague, même pas une vanne. On gueule. Les choses sont très bien telles qu’elles sont. On leur trouve du talent et du style parce qu’ils sont des violeurs. Le monde que vous avez créé pour régner dessus comme des minables est irrespirable. Cette leçon-là. Je donne 80 % de ma bibliothèque féministe pour cette image-là. Et je ne suis certainement pas la seule à avoir envie de chialer de rage et d’impuissance depuis votre belle démonstration de force, certainement pas la seule à me sentir salie par le spectacle de votre orgie d’impunité.Il n’y a rien de surprenant à ce que l’académie des césars élise Roman Polanski meilleur réalisateur de l’année 2020. Jeanine Áñez retire sa candidature à la présidence pour favoriser l’unité contre le MAS et Evo Morales, Université d’été NPA 2020 – Stratégie et parti au XXIe siècle,Le “style tardif” de la biopolitique. Célébrez-vous, humiliez-vous les uns les autres tuez, violez, exploitez, défoncez tout ce qui vous passe sous la main. Tout ce week-end à vous écouter geindre et chialer, vous plaindre de ce qu’on vous oblige à passer vos lois à coups de 49.3 et qu’on ne vous laisse pas célébrer Polanski tranquilles et que ça vous gâche la fête mais derrière vos jérémiades, ne vous en faites pas : on vous entend jouir de ce que vous êtes les vrais patrons, les gros caïds, et le message passe cinq sur cinq : cette notion de consentement, vous ne comptez pas la laisser passer. Parce que vous pouvez nous la décliner sur tous les tons, votre imbécillité de séparation entre l’homme et l’artiste - toutes les victimes de viol d’artistes savent qu’il n’y a pas de division miraculeuse entre le corps violé et le corps créateur. Quand Foresti se permet de quitter la fête et de se déclarer «écœurée», elle ne le fait pas en tant que meuf – elle le fait en tant qu’individu qui prend le risque de se mettre la profession à dos.